Le 31 octobre 2023, le Québec a pris une décision nécessaire, forte et concrète en interdisant les saveurs dans les produits de vapotage. Cette mesure est un levier prioritaire dans la lutte contre la crise du vapotage qui touche nos jeunes depuis déjà quelques années.
Salué par les groupes de santé, il est maintenant clair que ce virage règlementaire a un impact incontestable sur l’initiation des adolescents au vapotage. C’est ce que révèlent les résultats d’une étude pour laquelle le Conseil québécois sur le tabac et la santé (CQTS) a mandaté la firme Léger. En effet, 74% des jeunes qui n’ont jamais vapoté mentionne que l’interdiction des saveurs les dissuade de tenter l’expérience.
Si le règlement est efficace sur le plan préventif, nous demeurons réalistes. Nous savons que les saveurs sont, de manière complètement inadmissible, toujours disponibles sur le marché. Soixante-deux pourcent (62 %) des jeunes qui ont vapoté au cours des six derniers mois l’ont fait avec des saveurs. L’entourage – et notamment les amis – constitue le principal moyen d’accès aux produits de vapotage avec saveurs, mais les jeunes qui s’en procurent eux-mêmes les achètent sur des sites Internet (13 %), au dépanneur (12 %), sur les réseaux sociaux (9 %) et dans des magasins spécialisés (8 %). Heidi, 16 ans, protagoniste du court-métrage Un écran de fumée, témoigne de cette effrayante facilité : « J’achète mes vapes dans un dépanneur en particulier qui ne carte pas. Tout le monde y va tout le temps. Quand on n’a plus de vape, mettons, on sait qu’il y aura toujours ce dépanneur-là. »
Le problème n’est pas l’interdiction des saveurs, mais les entreprises qui la contournent. Plutôt que de questionner le règlement, pointons du doigt l’industrie et les commerçants qui continuent à faire du profit au dépend de la santé de nos jeunes. Il est inadmissible que les cours d’écoles soient encore empoisonnées par les saveurs, et que nos adolescents puissent encore trouver des produits pour nourrir leur dépendance.
Nous ne pouvons plus laisser nos jeunes être les proies de commerçants ou d’une industrie malveillante. D’abord, nous devons nous assurer que les commerçants et l’industrie se plient au règlement en augmentant les ressources pour faire respecter le règlement.
Tel qu’annoncé, de plus, il devient urgent que le gouvernement fédéral interdise à son tour les saveurs dans les produits de vapotage. Une interdiction des saveurs dans l’ensemble du Canada permettrait de mettre fin au marché interprovincial. De nombreux produits venant de l’Ontario, où les saveurs sont autorisées, sont importées librement au Québec.
En unissant nos efforts, nous avons le pouvoir d’aider les jeunes dépendants, dont nous voyons et déplorons les effets dévastateurs du vapotage au quotidien. Plus d’un adolescent sur deux qui vapote a l’intention d’arrêter de vapoter au cours des six prochains mois. Ce qu’ils demandent, c’est qu’on leur donne une chance de se libérer du piège de la dépendance à la nicotine. Il est de notre devoir de faire en sorte que ce soit possible, en mettant en place des initiatives telles que le programme de cessation Libair, et en resserrant les vis sur le règlement.
Ce que nous devons à nos jeunes, c’est un avenir sans dépendance à la nicotine, un avenir sain sans fumée et, surtout, éviter de reproduire les erreurs du passé.
Source: Léger, Interdiction des saveurs – Résultats d’un sondage en ligne réalisé auprès de 1 506 jeunes Québécois de 12 à 17 ans, 2024.
Signataires
Dominique Claveau, Directrice générale par intérim, CQTS (Conseil québécois sur le tabac et la santé)
Marc-André Parenteau, Conseiller principal, Affaires gouvernementales et défense des intérêts, Québec, Cœur + AVC
Stéphane Boudreau, Directeur général, RSEQ (Le Réseau du sport étudiant du Québec)
Flory Doucas, Codirectrice de la Coalition québécoise pour le contrôle du tabac