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Entrée en vigueur du règlement interdisant les saveurs

Nous nous réjouissons de l’entrée en vigueur de la nouvelle règlementation sur l’interdiction des saveurs dans les produits de vapotage ce 31 octobre. Cette mesure, essentielle afin de freiner le phénomène du vapotage chez les adolescent.es québécois.es, devrait avoir un impact majeur sur l’initiation de ces derniers, et les tenir éloigner à court et long terme de la vapoteuse. 

Cependant, il ne faut pas oublier les jeunes qui sont déjà dépendants à la nicotine et qu’il va falloir aider et accompagner dans l’arrêt du vapotage. De plus, nous devons demeurer aux aguets face à l’industrie du vapotage qui a démontré sa créativité par plus d’une fois dans le passé.  

 

Le règlement sur l’interdiction des saveurs, une mesure essentielle pour éloigner les jeunes de l’initiation 

Le règlement interdisant la vente de produits de vapotage comprenant une saveur autre que la saveur sans arôme et tabac était un levier prioritaire pour lutter contre la crise du vapotage qui touche les jeunes. Son entrée en vigueur fait suite à un processus de consultation au cours duquel nous avons apporté notre pierre à l’édifice en déposant un mémoire, puisque les groupes en santé étaient invités à soumettre leurs propositions.  

 

Cette mesure avait été nommée parmi les sept recommandations émises par le directeur national de santé publique – travail pour lequel nous avions collaboré – depuis 2020, et elle devrait avoir un impact majeur sur l’initiation des jeunes et les tenir éloigner du vapotage à court et long terme. Pour rappel, selon l’Enquête québécoise sur le tabac, l’alcool, la drogue et le jeu chez les élèves du secondaire 2019, 37,5 % des jeunes Québécois.es de 17 ans et moins ont été initié à la vapoteuse au cours de leur vie. 

 

« Les jeunes nous rapportent que les saveurs les ont incités à commencer à vapoter. Ce règlement est donc une mesure concrète pour agir contre le fléau du vapotage et en éloigner nos adolescents, et par effet domino du tabagisme » se réjouit Annie Papageorgiou, directrice générale du Conseil québécois sur le tabac et la santé (CQTS). 

 

Ce point de vue est partagé par le personnel scolaire, confronté en première ligne au phénomène. « Pour prévenir l’initiation des jeunes au vapotage, cette mesure aura un impact dans le futur » souffle Caroline Rossi, éducatrice spécialisée à l’école Robert Gravel. « L’interdiction des saveurs est une mesure essentielle puisqu’elles interpellent les jeunes et c’est pas du tout les bons clients » fait du pouce Marie Pascal, intervenante en dépendance à la Fondation Jean Lapointe. 

 

De plus, selon un sondage réalisé par la Fondation des maladies du cœur et de l’AVC (2021), 45 % des jeunes et jeunes adultes qui vapotent affirmaient qu’ils arrêteraient de vapoter si les produits aromatisés n’étaient plus disponibles. 

 

Aider les jeunes à se défaire de la dépendance à la nicotine 

Comme nous, le personnel scolaire est déjà tourné vers l’avenir. « Le défi est de taille pour le milieu scolaire, et particulièrement pour les écoles secondaires » souligne Caroline Rossi. 

 

Si cette nouvelle règlementation devrait avoir un impact sur l’initiation des jeunes, plusieurs jeunes sont déjà dépendants à la nicotine. « On va se retrouver avec des jeunes qui vivent des problématiques d’arrêt, on va avoir des jeunes en besoin de soutien, en détresse » explique Mathilde Séguin, professeure en arts dramatiques. Ces jeunes, il va désormais être temps de les accompagner. 

 

« L’interdiction des saveurs va protéger les adolescents qui ne se sont pas encore initiés, mais elle ne va pas tout régler : nous avons maintenant une nouvelle génération de jeunes qui sont déjà dépendants à nicotine qu’il va falloir soutenir et accompagner. L’application mobile Libair, qui a pour objectif d’aider les jeunes à se départir de leur dépendance, va dans ce sens-là. Nous espérons qu’elle contribuera à éloigner les jeunes du vapotage » confie Annie Papageorgiou. 

 

C’est pour répondre à un manque de ressources pour aider les jeunes à arrêter de vapoter que nous avons conçu, avec le soutien du ministère de la Santé et des Services sociaux, l’application mobile Libair, un outil adapté à leurs besoins qui sera disponible prochainement. Libair, application au ton bienveillant et au format conversationnel, aide les jeunes à se préparer au mieux à leur arrêt à partir de quatre modules. Le tout, en s’adaptant à leur réalité. 

 

Afin de nous assurer de créer une application pertinente et efficace, nous avons impliqué les jeunes tout au long du processus. « Des élèves de notre école l’ont testée et ils l’ont trouvé intéressante et accessible » commente Caroline Rossi. « Je vais l’utiliser avec le groupe de soutien les Groupes Libair, ça va être un outil connexe dans le fond. » 

 

Redoubler de vigilance face à une industrie créative 

De plus, on sait que les industries du tabac et du vapotage regorgent de créativité pour créer des produits attrayants pour les jeunes. Les arômes fruités et mentholés désormais dans les produits de vapotage, qui reposaient sur la même tactique que ceux dans les cigarettes, interdits en 2018 au Canada, en sont la preuve. C’est pourquoi il va falloir, malgré l’entrée en vigueur de la nouvelle règlementation, faire preuve de vigilance, afin de protéger les jeunes.